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Olav Haraldsson et la christianisation de la Norvège

Olav Haraldsson, fils d’un roitelet local, naît durant la première moitié des années 990. À cette époque, la Norvège était constituée d’un certain nombre de petits royaumes. En 1015, après avoir passé plusieurs années à l’étranger en tant que Viking et mercenaire, Olav revient en Norvège avec l’objectif d’unifier le pays en un grand royaume chrétien. L’année précédente, il avait été baptisé à Rouen, en Normandie.

Olav prend rapidement le contrôle du pays et en 1024, le christianisme devient la seule religion autorisée en Norvège. En 1030, le roi Olaf est assassiné lors de la bataille de Stiklestad. Il est enterré à Nidaros.

St. Olav

Les premiers chrétiens

L’époque à laquelle eurent lieu les premières expéditions vikings, à la fin du VIIIe siècle, devait marquer l’Europe. Les Vikings ont laissé leur marque dans le développement des pays européens, ces pays ont également influé sur le monde viking.

L’empreinte la plus importante et la plus durable dans les pays scandinaves a été l’introduction d’une nouvelle religion, le christianisme. Dans les régions occidentales de la Norvège, dès la fin du VIIIe siècle, des croix de pierre ont été érigées le long de la côte, vestiges des premiers établissements chrétiens dans le pays.

Olav devient chrétien

Vers l’an 1008, Olav Haraldsson s’est embarqué pour sa première expédition viking. Il arrivera finalement en France, en Normandie. Au cours de l’hivernage à Rouen, en 1012-1014, Olav se serait rendu dans différentes églises et monastères et il fut baptisé pendant l’hiver 1014. Olav avait déjà le projet d’unifier la Norvège en un grand royaume, et d’en devenir le roi.

Avec ce baptême, Olav abandonna la religion norroise païenne dans laquelle les différents dieux du Valhalla reflétaient l’ordre terrestre avec les nombreux chefs de clans, pour entrer dans le cercle culturel européen, où un Dieu unique dans le ciel légitimait un ordre social avec un seul roi pour le pays.

Le christianisme, la seule religion légale

Après la mort d’Olav Tryggvasson lors de la bataille de Svolder en l’an 1000, la Norvège fut administrée par les rois danois, localement représentés par les jarls de Lade. En 1015, Olav Haraldsson chassa le jarl Håkon du pays et se proclama roi des puissants chefs. Olav avait ramené avec lui des évêques et des prêtres, et il modifia les lois afin qu’elles aient une teneur chrétienne.

En 1024, le christianisme fut adopté par les chefs comme la religion d’état, lors d’une assemblée (ting) à Moster. Olav s’est ensuite rendu dans toutes les assemblées, l’une après l’autre, pour veiller à ce que tous les habitants du pays soient baptisés. Olav a dû souvent recourir à la force pour amener les individus sur la voie de la chrétienté.

La défaite d'Olav

En 1026, Olav s’allia avec le roi de Suède pour partir à la conquête du Danemark. Leurs troupes furent battues par le roi Knut le Grand lors d’une bataille en Scanie et Olav dû fuir les persécutions en Russie. Knut fut proclamé nouveau roi de Norvège mais son nouveau jarl périt lors un naufrage en 1029. Olav vit alors la possibilité de reprendre le pouvoir, mais lors de son retour en Norvège, il fut accueilli par une armée de paysans du Trøndelag, soutenue par des chefs du nord et de l’ouest du pays. Ils n’avaient pas apprécié son attitude intransigeante pour imposer le christianisme et ne souhaitaient pas son retour en tant que roi. Olav fut tué lors de la bataille de Stiklestad, le 29 juillet1030. Son corps fut ramené à Nidaros où il fut enterré.

L'héritage d'Olav

De la mort d’Olav à Stiklestad il est dit que le roi, avant de mourir, avait jeté ses armes et qu’il était donc mort sans défense, comme un martyr. Des rumeurs et des histoires commencèrent à circuler sur des miracles qui se produisaient près du corps d’Olav. En outre, une source dont les eaux auraient des pouvoirs de guérison serait apparue près de la tombe d’Olav, à Nidaros.

Un an après la mort du roi, son cercueil fut exhumé. À l’ouverture, un parfum de rose s’en échappa, et l’on constata également que les ongles et les cheveux d’Olav avaient poussé. Olav fut alors déclaré saint et Nidaros devint le premier, et le plus important, lieu de pèlerinage en Europe du Nord.

La cathédrale de Nidaros comme lieu de pèlerinage

Les saints étaient des figures centrales du christianisme au moyen-âge. Celui qui avait péché ou qui était atteint d’une grave maladie pouvait obtenir le pardon et de l’aide en s’adressant à Dieu par l’intermédiaire d’un saint.

Olav devint l’un des saints les plus importants de Scandinavie. Des églises Saint-Olav ont été construites en Scandinavie, autour de la Baltique, sur le continent ainsi que dans les îles britanniques. La tombe du saint royal, qui repose dans une châsse dorée sur le maître-autel de la cathédrale de Nidaros, devint l’un des lieux de pèlerinage les plus importants d’Europe du Nord et des milliers de pèlerins, venant de partout, se pressaient dans la cathédrale.

Une église de pèlerinage

Si la cathédrale de Nidaros est aussi imposante, elle le doit au fait qu’elle était devenue une importante église de pèlerinage. Elle devait éblouir les pèlerins, qui parfois venaient de loin. L’église devait leur apparaître comme magnifique et gigantesque par rapport aux maisons basses de la ville de Nidaros.

Lorsque les pèlerins pénétraient dans la cathédrale par le portail ouest, un déambulatoire avait été aménagé autour du chœur pour permettre d’arriver jusqu’à l’octogone et à la châsse du saint. L’église comptait plusieurs chapelles et plus de 20 autels auprès desquels les pèlerins pouvaient se rendre.

Johanneskapellet.

La cathédrale de Nidaros comme lieu de pèlerinage aujourd'hui

Pendant toute la période médiévale, Nidaros fut le principal lieu de pèlerinage d’Europe du Nord. Aujourd'hui, la tradition des pèlerinages a été revivifiée et de nouveaux pèlerins se rendent à la cathédrale de Nidaros. Si au moyen-âge les pèlerinages étaient motivés par la religion, aujourd’hui les magnifiques paysages et la nature vierge contribuent à la venue des pèlerins. Les rencontres avec l ‘histoire et les populations locales sont également d’importantes motivations.

Le pèlerinage affecte également les personnes. Quelles que soient la foi et la culture religieuse, rares sont les pèlerins qui ne font pas l’expérience d’un changement intérieur en cheminant à travers les splendides paysages menant à Trondheim et à la cathédrale de Nidaros.

Nidaros, siège da l'archevêché

Au XIIe siècle la décision fut prise d’établir un archidiocèse en Norvège. Nidaros, là où reposait saint Olav, fut choisie comme siège de l’archevêché. L’archidiocèse fut dirigé par 29 archevêques pendant ses 384 années d’existence, de sa fondation en 1153 jusqu’à la Réforme, en 1537.

Outre la Norvège, l’archidiocèse incluait le Groenland, l’Islande, les iles Féroé, les Shetland, les Orcades, les Hébrides et l’île de Man, un énorme royaume qui a par la suite été appelé le Royaume de Norvège. L’archevêque était le représentant du pape dans ces régions, et il était chargé de protéger les intérêts de l’église catholique.

La fondation

Au XIe siècle, l’église norvégienne relevait de l’archevêque de Hambourg/Brême. Cependant, les premiers missionnaires qui arrivés en Norvège au XIe siècle étaient anglais, et le lien avec Hambourg/Brême était relativement faible.

Au début du XIIe siècle, les pays nordiques furent libérés du lien avec Hambourg/Brême avec la fondation d’un nouvel archevêché à Lund, en Scanie. En 1153, une délégation de Rome, conduite par le cardinal anglais Nicolaus Breakspear, décida la fondation d’un archidiocèse en Norvège. Lorsque Breakspear revint à Rome l’année suivante, il fut élu pape sous le nom d’Adrien IV.

Nicolaus Breakspear

L'archidiocèse

L’archevêque était à la tête de cinq diocèses norvégiens et de deux diocèses islandais, en plus des diocèses du Groenland, iles des Féroé, des Shetland/Orcades, et des Hébrides/île de Man. Le diocèse norvégien situé au nord de Dovre était administré directement par un  évêque qui était de fait également archevêque.

Avec ce diocèse, l’archevêque percevait des revenus plus importants, sous la forme d’impôts et de loyers. Il avait également des rentrées d’argent provenant du très lucratif commerce du poisson séché à Bergen. Grâce à toutes ces sources de revenus auxquelles s’ajoutaient les fonds provenant des pèlerins, la construction de la cathédrale de Nidaros a pu être envisagée.

Erkebispedømmet.

Le Palais de l'archevêché

Un peu au sud de Nidaros a été établi le Palais de l’archevêché. Dès le XIIe siècle, avait été construit un grand bâtiment en pierre que l’archevêque pouvait utiliser pour les réunions et les réceptions. Dès le début, le Palais de l’archevêché comprenait également différents bâtiment en bois.

Au XIIIe siècle, le palais fut agrandi, avec de nouveaux bâtiments en pierre destinés à l’habitation. Au moyen-âge également, une armurerie et un atelier de frappe de monnaie ont également été aménagés. Le Palais de l’archevêché était fortifié, avec un mur d’enceinte et des portes gardées. Aujourd’hui, le Palais se visite ; on peut y voir des objets racontant notamment l’histoire du palais.

Le chapitre de la cathédrale

Le chapitre de la cathédrale rassemble un certain nombre de chanoines, ou prêtres, dépendant de la cathédrale. Ils avaient différents domaines de responsabilité, comme la gestion de l’école de la cathédrale, les finances et la direction des travaux de construction du bâtiment. Lorsqu’un archevêque s’en allait, ce sont les chanoines qui choisissaient le nouveau.

Outre leurs obligations liées à la cathédrale, les chanoines avaient la fonction de prêtres dans l’ensemble de l’archidiocèse. Ils étaient aidés dans cette tâche par les prêtres remplaçants « vikar », d’où le titre anglais de « vicar » pour les pasteurs. À la fin du moyen-âge, c’était en réalité l’archevêque qui dirigeait le pays au nom du roi. Le chapitre de la cathédrale constituait ainsi le conseil du gouvernement du pays.

Domkapitlet.

La Réforme

Le dernier roi norvégien mourut en 1319 et le pays conclut alors des unions tantôt avec la Suède, tantôt avec le Danemark, avec des rois communs. L’archevêque joua alors un rôle central, en tant que principal interlocuteur du roi en Norvège et comme chef du Conseil du royaume norvégien.

En 1530 fut consacrée l’union du Danemark et de la Norvège. Les régents danois avaient besoin d’argent et en 1537, le roi Christian III abolit l’église catholique norvégienne pour introduire un nouvel ordre luthérien qui plaça l’église sous l’autorité de l’état. Le pape ne jouait plus aucun rôle et le roi devenait le chef de l’église. Le régent prit alors le contrôle des biens de l’église et entra en possession des privilèges fiscaux de celle-ci.

Marin Luther

Martin Luther était un prêtre catholique et professeur à l’université de Wittenberg. Au moyen-âge, l’église vendait des indulgences qui libéraient les personnes de leurs péchés. Luther contestait le droit du pape et de l’église à imposer des peines à des personnes autres que celles imposées par le clergé lui-même. En cas de péché contre les commandements de Dieu, lui seul pourrait accorder une rémission.

En octobre 1517, Luther afficha ses 95 thèses sur la porte de l’église du château de Wittenberg. Nombreux furent ceux qui rejoignirent alors l’opposition de Luther contre l’église catholique. Ce geste a marqué le début de la Réforme.

Martin Luther

La Norvège devient luthérienne

En tant que principal représentant du pape en Norvège, l’archevêque défendait au mieux les intérêts catholiques dans le pays, face au roi. Le roi Christian III avait mis des nobles danois de confiance à des postes stratégiques en Norvège et put ainsi imposer la Réforme en destituant les évêques catholiques et l’archevêque et en les remplaçant par de nouveaux évêques luthériens.

L’archevêque ainsi exclu, la Norvège ne possédait plus de figure forte du pouvoir et son indépendance politique par rapport au Danemark se réduisit considérablement. La Norvège devint en réalité une province du Danemark, jusqu’à la dissolution de l’union, en 1814.

Kristian III.

La résistance de l'archevêque

En réponse à la pression de plus en plus forte du pouvoir royal, au cours des années 1420, l’archevêque avait construit une forteresse à Steinvikholm, dans le fjord de Trondheim, afin de servir de refuge car la place-forte qu’était le Palais de l’archevêché présentait des faiblesses.

En 1537, le roi Christian III envoya un fort contingent militaire en Norvège afin d’assiéger Steinvikholm. En position d’infériorité, l’archevêque s’enfuit aux Pays-Bas afin de demander l’aide de l'empereur romain-germanique, qui était catholique. Il n’obtint cependant aucune aide et mourut en exil, en 1538. Steinvikholm capitula et la Réforme fut alors appliquée en Norvège.

Steinvikholm.

La cathédrale de Nidaros, église paroissiale

Avec la Réforme de 1537, la cathédrale de Nidaros est passée du rôle d’église principale d’un archevêché à celui d’église paroissiale locale à Nidaros, devenue alors Trondheim.

Il n’y avait plus de grand diocèse lucratif capable de financer l’entretien de la cathédrale, et cette tâche fut dévolue à l’humble population de la ville. Celle-ci n’avait pas les moyens de subvenir aux importants coûts d’entretien de l’église, et la cathédrale de Nidaros connut alors une période de déclin, qui dura jusqu’au XIXe siècle.

Les incendies

La construction de la cathédrale de Nidaros s’acheva au début du XIVe siècle. Cependant, dès 1328, la cathédrale connut un incendie, suivi par d’autres incendies importants, en 1432 et 1531. Le dernier de ces incendies fut dévastateur et tous les toits de la cathédrale se sont alors effondrés.

En 1530, l’archevêque consacrait ses ressources à la construction du château de Steinvikholm, et il ne fit pas restaurer l’église. Après la Réforme, la population de Trondheim n’eut les moyens que de financer la restauration des parties est de la cathédrale. Restée sans toit, la nef finit par s’effondrer. Les parties conservées de l’église furent dévastées par de nouveaux incendies en 1708 et 1719.

L'église aujourd'hui

Au XIXe siècle, l’église fut restaurée, mais selon les plans d’une église luthérienne avec une nef ouverte permettant de voir jusqu’à l’autel à l’ouest en entrant par le portail est. Au moyen-âge, lorsque l’église était encore catholique, la nef était divisée en plusieurs espaces, plus ou moins séparés.

Aujourd’hui, l’église reste une église paroissiale luthérienne pour la population de Trondheim comme pour les voyageurs, mais avec des services plus importants.

La restauration de la cathédrale de Nidaros

En 1814, la Norvège retrouva son indépendance face au Danemark, et la cathédrale de Nidaros est le seul bâtiment mentionné dans la nouvelle loi fondamentale de 1814. En effet, elle devait être l’église du couronnement des nouveaux rois norvégiens.

Le romantisme du XIXe siècle fit de l’église le symbole du Royaume de Norvège médiéval. Sa réparation et sa reconstruction devinrent donc importants ; il s’agissait de lui redonner son éclat d’antan, comme une image de la reconstruction de la nation. En 1869 commencèrent de très importants travaux de restauration, qui ne furent achevés qu’en 2001.

Les travaux de restauration

En 1869, les travaux de restauration commencèrent avec la Maison du Chapitre. L’intention était de restaurer l’église pour lui redonner son aspect d’origine et éliminer les ajouts ultérieurs. Cependant, personne ne s’accordait sur l’aspect qu’elle avait au moyen âge.

Dans les années 1870, la restauration de l’octogone et du chœur fut entreprise, suivie de celle de la tour et du transept. Ces travaux s’achevèrent au début du XXe siècle, et en 1905 commença la reconstruction de la nef et du fronton ouest. La nef fut terminée en 1930 et le fronton ouest dans les années 1980. Ce n’est qu’en 2001 que la dernière voûte à l’intérieur des tours ouest fut mise en place.

Les travaux de restauration de la cathédrale de Nidaros

Une organisation pour la restauration de l’église de Trondheim, Throndhjems Domkirkes Restauration, a été créée afin d’effectuer les travaux de restauration. Celle-ci a été établie sous la forme d’un atelier médiéval, avec des artisans et des artistes : tailleurs de pierre, maçons, ferronniers, verriers, charpentiers et plâtriers. Les travaux étaient supervisés par l’architecte de la cathédrale.

Avec le temps, l’organisation a changé de nom et elle s’appelle aujourd’hui Nidaros Domkirkes Restaureringsarbeider. Outre les travaux de restauration permanents, à présent, elle est également responsable de la gestion du palais de l’archevêché ainsi que de la diffusion de l’histoire de la cathédrale.

Restaureringsarbeidere.

La cathédrale de Nidaros aujourd'hui

La cathédrale de Nidaros telle qu’elle est aujourd’hui porte les traces des restaurations entreprises à partir du XIXe siècle ; par exemple, tous les vitraux datent de la période de restauration. Cependant, des parties importantes de la cathédrale sont restées telles qu’elles étaient au moyen-âge.

Si la cathédrale de Nidaros est un monument représentatif du Royaume de Norvège médiéval, elle est également un symbole de l’organisation ecclésiastique et d’une certaine architecture internationale au moyen âge. Le style roman qui se retrouve dans de nombreuses parties du bâtiment est un héritage de l’Empire Romain. Les styles roman et gothique ont en outre de nombreux points communs avec l’architecture arabe.